Nous avons le plaisir d’annoncer que le Conseil scientifique de la Chaire UNESCO Défis partagés du développement : savoir, comprendre, agir a attribué quatre Bourses Jeunes Chercheurs dans le cadre de sa cinquième édition.
Grâce à un financement du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et de l’Agence française de développement (AFD), quatre jeunes chercheur·e·s ont pu être récompensés pour leur travail de recherche et se sont vus attribuer des bourses d’une valeur respective de 1 000 euros, destinées à soutenir leur travail de terrain.
Théophile Kabré l’Université Joseph Ki-Zerbo, Ouagadougou, Burkina Faso
teokacompt chez gmail.com
L’alimentation s’accompagne de nombreux changements comportementaux partout dans le monde. Dans la plupart des pays développés, ces changements se caractérisent d’une part, par une réduction de l’activité physique, induisant de faibles dépenses énergétiques, et d’autre part, par le passage à une alimentation plus énergétique. Qualifiée de transition nutritionnelle, ce phénomène s’installe dans les pays en développement alors que ces derniers font face, dans le même temps, à des carences nutritionnelles. Ces carences sont une conséquence de l’urbanisation accélérée et de l’incapacité de la production nationale de satisfaire la demande alimentaire urbaine croissante en termes de quantité et de qualité. L’évolution du niveau socio-économique des ménages favorise l’adoption de nouveaux comportements alimentaires ayant des répercussions sur la santé. Identifier les facteurs des choix de consommation alimentaires des ménages peut contribuer à réduire les conséquences néfastes de l’alimentation sur la santé. L’objectif principal de cette recherche doctorale est d’évaluer l’importance des risques sanitaires liés aux pratiques alimentaires des ménages. Da façon spécifique, il s’agit de déterminer les disparités spatiales des pratiques alimentaires des ménages, d’identifier les principaux facteurs qui déterminent leurs choix de consommation alimentaire et d’évaluer les risques des pratiques alimentaires sur la santé des ménages.
Les variables les plus pertinentes sont ici déclinées au regard des objectifs. Elles orientent la construction des questionnaires et des guides d’entretien pour la collecte des données et contribuent à structurer le plan de la thèse. Au regard du premier objectif, on retient les modes de préparation (nombre et moment de préparation des repas par jour et par semaine, matériel et source d’énergie utilisés), les modes de consommation (prise de repas individuelle ou collective, lieu de prise de repas, heure de prise de repas, typologie des plats consommés). Les variables du deuxième objectif portent sur les caractéristiques sociodémographiques (âge, niveau d’instruction, situation matrimoniale, nombre de personnes à charge), les caractéristiques socio-économiques (profession, dépenses de préparation des repas, coût d’achat des vivres) et les déterminants individuels et collectifs des choix alimentaires (préférences, plaisir, contrôle de poids, disponibilité, praticité, santé, besoin et faim).
Pour le troisième objectif les variables d’études concernent l’hygiène (mode conservation des repas, lavage des mains), la perception des ménages de leur état de santé (maladies vécues), la perception des ménages de leur consommation alimentaire (Bien manger, Mal manger).
Richard Kuessi Université de Lomé, Togo
richardkuessi93 chez gmail.com
+228 93 64 39 46 / 96 62 62 17
Les banques occupent une place prépondérante dans l’économie à travers la collecte des fonds et leurs réorientations vers le financement des projets les plus rentables et les plus bénéfiques à l’économie. Cependant, dès la seconde moitié des années 80, l’industrie bancaire mondiale a été secouée par de nombreuses crises comme la récession, l’inflation, la crise de la dette, les crises asiatiques, la crise des Subprimes de 2008 ou encore les crises sanitaires. Ces dernières ont généré des crises bancaires à travers tous les continents et tous les pays du monde entier ; la panique bancaire, l’insolvabilité, le risque de liquidité étant autres les problèmes majeurs auxquels les banques font face. Pour endiguer les effets de ces crises et éviter le risque systémique, les premières réformes bancaires ont été adopté par le secteur financier des pays en voie de développement. Ainsi au cours de la dernière décennie, les systèmes bancaires africain ont connu de profondes modifications dans leurs structures affectant le niveau de concurrence bancaire.
Dans l’UEMOA, ces réformes ont principalement consisté en des politiques de libéralisation financière qui ont favorisé l’entré des banques étrangers et l’émergence de nouvelles banques et des groupes bancaires sur la place bancaire, source de concurrence dans le secteur bancaire, ce qui a une incidence importante sur l’efficience et la stabilité financière. Par ailleurs, avec l’apparition de nouvelles crises (la crise argentine, asiatique, russe et la crise des subprimes en 2008), l’émergence et le développement de systèmes bancaires modernes, les réformes récentes sont davantage axées sur l’élaboration de lignes directrices en matière de règlementation prudentielle afin de fournir un cadre de surveillance efficace aux institutions bancaires. Ces diverses règlementations introduites par les autorités du secteur bancaire de l’UEMOA à travers les accords de Bâle, exercent une forte pression et menace l’existence et la survie de la plupart des banques opérant dans la zone. Ainsi, ces changements sur le marché bancaire obligent ces dernières à investir suffisamment dans l’innovation en matière de stratégie et d’adoption de nouvelles technologies (intelligence artificielle), ce qui leur permet de mieux résister à un niveau de concurrence forte et d’améliorer leur part de marché et leur performance sur le marché bancaire.
Héritier Mesa Université de Libre de Bruxelles, Belgique
Heritier.Mesa.Nteke chez ulb.be
Cette recherche doctorale interroge les dynamiques contemporaines de l’économie informelle urbaine de Kinshasa au prisme de son hétérogénéité et des différentes formes d’inégalités qui le traversent et le structurent. L’implication de différents acteurs sociaux dans diverses activités génératrices de revenus et les relations asymétriques au travail entre certains acteurs soulèvent des questions sur les inégalités sociales au sein du secteur informel. Ainsi, en abordant au premier plan les concepts de classe et de positions sociales inégales dans l’étude de l’économie informelle, cette recherche vise donc à rendre compte de l’ensemble des dynamiques d’inégalité sociale à Kinshasa. Le projet de recherche adopte donc une double approche de l’analyse des inégalités sociales dans le secteur informel urbain.
D’une part, l’environnement urbain peut être construit comme un espace social où divers agents - situés dans des positions différentes les uns des autres - s’engagent dans des relations de privilège et d’exclusion. Un tel espace est donc fortement stratifié, car il est marqué par la structure de la juxtaposition et de reproduction des positions sociales. Par conséquent, c’est à travers l’analyse des classes et des positions sociales - à comprendre ici en termes de positions et de conditions d’existence similaires - que j’étudie avant tout les dynamiques des inégalités sociales parmi les acteurs de l’économie informelle de Kinshasa. Notamment, une telle analyse des classes et des positions sociales prend en compte la combinaison de plusieurs autres propriétés sociales et vecteurs d’identification tels que le genre, l’ethnicité, le lieu de résidence, l’âge, l’origine sociale, ainsi que différentes formes d’affiliations socio-politiques. S’inspirant à la fois de l’historiographie et de l’ethnographie, l’accent est mis sur la dynamique de la construction, de la variation et de la différenciation des identités, ainsi que sur la symbolique attachée aux clivages sociaux et leurs rôles respectifs dans le positionnement des acteurs sociaux au sein de l’espace social. D’emblée, cela implique d’analyser le rôle de la classe et des positions sociales dans le façonnement des trajectoires individuelles et des relations de travail asymétriques entre les acteurs sociaux.
D’autre part, la vie dans une ville de pays en développement est aussi intimement liée à la distribution du pouvoir et à la relation entre différentes formes d’institutions. Cette recherche étudie donc par la suite l’économie politique du secteur informel urbain et ses liens avec les positionnalités émergentes. A travers une analyse de la " gouvernance réelle " de l’économie informelle, cette recherche vise à mettre en évidence le rôle des institutions gouvernementales dans la reproduction de la pauvreté et des inégalités à travers des processus économiques, sociopolitiques et d’extraversion. Le but ultime ici est d’établir le lien complexe entre les deux approches : la relation entre les dynamiques d’inégalité liées à l’identité et aux positions sociales et les macrostructures globales (dans leurs dimensions socio-économiques et politiques) dans la reproduction et le maintien de telles disparités.
Miranda Nedel l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris, France
miranda.nedel chez usp.br
Cette recherche vise à investiguer la performance de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans l’architecture scolaire, dans ses modulations Nord-Sud, à travers la définition d’études de cas : des bâtiments scolaires emblématiques de l’influence de l’OCDE au Brésil et en France, en plus de deux études de cas exemplaires au Mexique et au Portugal, dans lesquelles des recherches sur le terrain et des entretiens avec des acteurs clés seront réalisés. L’objectif est également d’analyser les programmes de l’OCDE relatifs à l’architecture scolaire et les liens avec ses actions éducatives, en se concentrant sur l’Amérique latine, depuis l’échelle des réglementations internationales jusqu’aux politiques publiques éducatives et la production de bâtiments scolaires. Bien que l’influence de l’Organisation sur l’éducation ait fait l’objet d’études récentes, une lacune dans les études critiques concerne son rôle dans l’architecture scolaire. L’hypothèse est que l’architecture scolaire intègre l’agenda de l’OCDE dans le domaine de l’éducation, l’Amérique latine étant un lieu privilégié d’expérimentation sociale de cet agenda.