Après deux jours consécutifs d’ateliers jeunes chercheurs destinés aux doctorant·e·s de la sous-région, la Journée d’étude internationale annuelle de la Chaire UNESCO Défis partagés du développement : savoir, comprendre, agir a eu lieu à l’Université de Lomé le 10 juin 2022. A cette occasion, 12 chercheur·e·s ont présenté leur communications autour le thématique "Les jeunesses face aux défis et transformations en Afrique".
Nous vous invitons à consulter les résumés des communications issues de cette quatrième édition de la Journée d’étude internationale ci-dessous !
Analyse des déterminants des inégalités de genre parmi les personnes sans emploi ne suivant pas d’études ni de formation (NEET) en zone CEDEAO : cas de la Côte d’Ivoire
Épiphane Marahoua, Université Alassane Ouattara, École Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie (ÉNSEA), Côte d’Ivoire
En Afrique, si la situation générale du marché du travail est difficile, elle est encore plus pour les femmes et les jeunes. Avec la forte croissance démographie qu’enregistre la région d’Afrique de l’Ouest, l’emploi des jeunes devient une préoccupation majeure pour tous les États. L’objectif de cette étude est d’analyser les déterminants des inégalités de genre parmi les jeunes de 15 à 24 ans qui ne sont ni étudiants, ni en emploi et ni en formation (NEET) dans les pays de la CEDEAO. L’utilisation des statistiques de l’Organisation Internationale du Travail (ILOSTAT, 2018) et de l’Enquête Nationale sur la Situation de l’Emploi et du Secteur Informel en Côte d’Ivoire (ENSESI, 2016) ont permis respectivement de dresser un état des lieux de la situation des NEET en zone CEDEAO, et d’identifier les facteurs sociodémographiques, socioculturelles et économiques qui expliquent la prépondérance des jeunes filles parmi les NEET. Les résultats indiquent d’une part que 30% des jeunes sont NEET ; les jeunes femmes âgées de 15-24 ans sont plus susceptibles de devenir NEET que leur homologue hommes en zone CEDEAO. D’autre part, avoir au moins une éducation primaire réduit la probabilité de devenir NEET aussi bien pour les jeunes femmes et les jeunes. Toutefois, le mariage et l’enseignement technique sont les déterminants des inégalités de genre parmi les NEET.
Jeunes citadines au travail : Évolution de l’insertion professionnelle féminine à Ouagadougou et à Lomé
Anne Calvès Université de Montréal, Faculté des arts et des Sciences, Département de sociologie, Canada
Jean-François Kobiané Université Joseph Ki-Zerbo Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP), Burkina Faso
Bilampoa Gnoumou-Thiombiano Université Joseph Ki-Zerbo Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP), Burkina Faso
Ayemi Akessime Lawani Université de Kara, Togo
Maude Jodoin-Léveillée Université de Montréal, Faculté des arts et des Sciences, Département de sociologie, Canada
L’étude analyse l’évolution de l’insertion des jeunes femmes sur le marché du travail urbain en Afrique de l’Ouest depuis les années 90. Pour ce faire, elle mobilise les données de l’Enquête biographique Travail Au Féminin (TAF) réalisée en 2020 à Ouagadougou et en 2022 à Lomé et contraste l’expérience de Ouagalaises et Loméennes de 20-29 ans sur quatre décennies. Les résultats confirment l’importante participation des jeunes femmes au marché de l’emploi dans les deux capitales ouest-africaines. Plus scolarisée, elles entrent plus tardivement sur le marché de l’emploi qu’il y a 30 ans mais ne tardent pas à travailler une fois les études terminées. Le secteur informel reste le lieu de prédilection de l’activité économique des jeunes travailleuses, très présentes dans le petit commerce, notamment de nourriture, mais aussi, de plus en plus, dans le sous-secteur des services (domestiques, coiffeuses, serveuses). Le travail des jeunes femmes reste très précaire, sans contrat ni avantages sociaux, et ce malgré une augmentation des premiers emplois salariés dans le secteur formel privé, notamment à Ouagadougou. Les faibles proportions d’employeuses dans les deux capitales et le poids persistant d’un secteur informel de survie contrastent avec le discours enthousiaste sur le potentiel effet de levier de l’entrepreneuriat féminin pour le future économique de la région.
L’Insertion professionnelle des jeunes en milieu urbain au Burkina Faso
Barkissa Rouamba, Université Joseph Ki-Zerbo Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP), Burkina Faso
Jean-François Kobiané Université Joseph Ki-Zerbo Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP), Burkina Faso
L’objectif de la présente étude est d’analyser l’insertion professionnelle des jeunes en milieu urbain au Burkina Faso. Pour ce faire, les données de l’enquête sur la transition vers la vie active (ETVA) réalisée en 2019 au Burkina Faso par l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) ont été utilisées. Deux types de modèles d’analyse sont utilisés pour mener à bien notre recherche : un modèle logit binaire pour examiner séparément les chances d’insertion sur le marché du travail urbain des jeunes pris dans l’ensemble, des jeunes femmes et des jeunes et un modèle logit multinomial visant à estimer les chances d’insertion des jeunes dans les différents statuts d’emploi. Les résultats montrent que les chances d’insertion des jeunes décroissent avec le niveau d’éducation. Quant au travail en cours d’études, il influence positivement les chances d’insertion des jeunes sur le marché du travail en milieu urbain. Le fait d’avoir des enfants joue favorablement sur les chances d’insertion des jeunes hommes sur le marché du travail. Avoir un père ayant exercé dans une entreprise privée non agricole diminue significativement les chances de travailler en tant que salarié par rapport à avoir un père ayant travaillé dans le public.
Pratiques d’entreprises et extension de l’informalisation au secteur minier formel ouest africain : analyse comparée des réponses d’acteurs francophones et anglophones
Komi Mawunam Viagbo, Université de Montréal, Canada
La communication démontre que la tendance mondiale des multinationales à opter pour des pratiques néolibérales de flexibilisation de l’emploi, en contexte d’économie dualiste, rapprochent les emplois de l’économie formelle des caractéristiques généralement associées aux emplois de l’économie informelle. Elle se base notamment sur les pratiques d’externalisation de l’emploi dans les mines au Ghana et en Côte d’Ivoire pour expliquer les réponses variées ou communes des syndicats, gouvernements et entreprises à l’égard de ces pratiques. Elle démontre que ces réponses peuvent être reliées à l’histoire coloniale, au pays d’origine des entreprises, au degré d’autonomie des États mais aussi au contexte national des pays hôtes des entreprises minières.
Gouvernance de la société civile et volontariat des jeunes à Madagascar
Idah Holiarisoa Razafindrakoto, Université Panafricaine, Cameroun
Au regard de l’émancipation des organisations de la société civile à Madagascar, le présent article propose une lecture analytique de la question du volontariat des jeunes qui est une pratique sociale mobilisée et exercée par la société civile. Il ressort que la gouvernance de la société civile s’apparente à une réappropriation réadaptée des logiques managériales d’entreprises. Cela étant, il est question ici de s’interroger sur les externalités qui découlent des rapports entre les acteurs de la société civile et les jeunes volontaires malagasy. En se focalisant sur la gouvernance de la société civile, une lecture bi-face se dévoile, notamment la coexistence paradoxale des externalités positives et négatives sur les jeunes volontaires.
Entrepreneuriat des jeunes au Togo : Les défis et les dispositifs proposés par l’État
Ayemi Akessime Lawani Université de Kara, Togo
Dans les pays d’Afrique subsaharienne en général, et au Togo en particulier, l’entrepreneuriat s’est imposé au cours des dernières années comme un pilier central dans les processus de développement, et spécifiquement comme une approche politique de premier choix pour palier au chômage des jeunes. Au Togo, si les premiers programmes de promotion de l’entrepreneuriat des jeunes ont été lancés à partir des années 1990, c’est véritablement après 2005 que le pays a progressivement mis en place plusieurs cadres d’appui dans le domaine. Derrière ces chiffres se cachent néanmoins des réalités qu’il est nécessaire d’explorer. Après presque quinze années de cet effort national, quel est le véritable visage de l’entrepreneuriat des jeunes au Togo ? Il s’agit dans cette publication de présenter une analyse des défis rencontrés par les jeunes entrepreneurs togolais et des dispositifs mis en place par l’État. Quels sont les dispositifs actuels au Togo ? À qui s’adressent-ils ? Quels types d’appui apportent-ils ? Existe-t-il une cohérence entre ces différents cadres mis en place ? Les analyses se basent sur une recherche documentaire et des entretiens menés avec certains acteurs (entrepreneurs et agents de l’État) clés. Parmi les contraintes auxquelles les jeunes font face, l’on note les contraintes administratives, légales, et fiscales, le faible accès au financement, et la difficulté de sortir de l’informel. L’article propose également quelques recommandations pour améliorer l’expérience des jeunes entrepreneurs.
La Jeunesse du vieux bassin cotonnier camerounais : entre émigration, résilience et contestations
Félix Watang Zieba, École Normale supérieure, Université de Maroua, Cameroun
Les plaines de l’Extrême-Nord du Cameroun furent les premières à expérimenter la culture du coton à partir des années 1950. D’abord mené de force sous le contrôle des administrateurs coloniaux et des cadres de la Compagnie française de Développement du textile (CFDT), cette culture va se révéler comme la principale clé d’accès à l’économie de marché, au développement socioéconomique et à la modernisation des paysanneries. L’accès à l’outillage moderne (charrue, animaux de traction), aux intrants agricoles (engrais, pesticides), à la complémentation pour l’élevage des grands et petits ruminants (tourteaux de coton, grains de coton) fut une conséquence de l’introduction du coton considérée comme culture motrice dans cette partie appelée aujourd’hui vieux bassin cotonnier. Grâce à cette culture motrice, on assistera à une transformation réelle de son bassin de production à travers l’éducation des jeunes, la mécanisation de l’agriculture, le développement de l’agropastoralisme et la naissance d’une première élite économique et politique. Malheureusement, la chute des cours du coton dans les années 1990 et la crise économique qui s’en est suivie s’est ressentie durement par les producteurs déficitaires (coûts de production élevés, baisse des prix de vente du kilogramme). A cela s’ajoute des changements environnementaux majeurs (déficits pluviométriques, dégradation des sols) qui vont favoriser la baisse des rendements. La conséquence sera alors pour cette génération de producteurs l’abandon. L’objectif de cette communication est d’analyser les itinéraires sociogéographiques des jeunes du vieux bassin cotonnier dans ce contexte de déstructuration de l’économie rurale. L’observation de terrain basée sur les enquêtes révèle que si nombreux d’entre eux ont migré vers les autres bassins agricoles (plaine de la Bénoué plus au sud et favorable à l’agriculture), industriels (bassins sucriers et plantations agro-industrielles du Cameroun méridional) et vers les grandes métropoles, une deuxième catégorie de jeunes développe une résilience à travers la diversification des activités, le maraîchage tandis qu’une dernière tranche a développé une résistance contre l’élite politique locale considérée comme principal obstacle de son épanouissement.
Boko Haram et la critique du modèle de sécurité classique au Cameroun : Problématique de l’émergence sociale des jeunes en captivité
Falk Litane Petegou, Université Protestante d’Afrique Centrale, Cameroun
La menace Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun remet en cause le modèle classique de sécurité étatique au Cameroun. Au-delà de toute acception réaliste ou instrumentaliste, le fait est clair que la recherche des conditions d’une paix positive passe par un changement radical du paradigme sécuritaire en vigueur lequel ne devrait plus tout simplement être axée sur la sécurité des biens mais sur l’émergence sociale des jeunes. C’est donc une sorte de seurity for life qui mérite d’être élaborée et implémenté de manière structurelle et conjoncturelle au Cameroun. Le présent article présente les limites de l’approche sécuritaire classique du Cameroun tout en démontrant comment il a permis la pénétration de l’idéologie de Boko Haram à l’extrême-nord du Cameroun. Il présente également des pistes d’élaboration d’une nouvelle matrix ou nouveau modèle de sécurité étatique basé sur le triptyque Défense, Education à la paix des jeunes et émergence sociale des jeunes. A partir d’une lecture socio-constructiviste, le présent article aboutit à la conclusion selon laquelle, l’extrémisme violent Boko Haram donne lieu à l’invention de nouvelles formes d’identité politiques nécessaires pour obtenir le pouvoir de négociation dans la politique camerounaise par les jeunes en quête de repères.
Les politiques publiques en faveur des jeunes en situation de handicap : dynamiques et défis d’intégration sociale en matière de santé et d’éducation au Cameroun
Irène Flore Chiewouo Kuetche, Université de Yaounde 1, Cameroun
La santé et l’éducation constituent les domaines prioritaires des politiques sociales des pays en voie de développement. Au Cameroun, l’accès à la santé et à l’éducation est un droit fondamental clairement défini par la constitution du 2 juin 1972. De ce fait, l’état a obligation de mettre sur pied des possibilités facilitant l’accès à ce droit à chaque catégorie sociale, notamment les personnes en situation de handicap qui, du fait de certaines déficiences corporelles, se trouvent très souvent stigmatisées et même marginalisées aussi bien par les individus que par les politiques publiques. En effet, depuis plusieurs années, les efforts de l’état du Cameroun en ce qui concerne la législation sur le handicap reste remarquable. L’importance des actions politiques favorisant l’intégration sociale des personnes en situation de handicap n’est plus à démontrer. Toutefois, la mise en pratique de ces politiques publiques, aussi bien par l’Etat que par ses constituants, demeure très problématique, surtout en ce qui concerne l’accès à la santé et à l’éducation des jeunes en situation de handicap physique au Cameroun. Au moment où les politiques visant à promouvoir l’intégration du handicap se multiplient et se diversifient, il persiste une représentation stigmatisante vis-à-vis de la personne matérialisant une construction sociopolitique du handicap au Cameroun.
Facteurs favorables à la sexualité et à la fécondité précoces chez les adolescents.es au Togo
Digo Enyota Kofitsè Dzamesi Akakpo-Ahianyo, Université de Lomé, Togo
Cet article met le doigt sur la problématique de la sexualité précoce chez les adolescents.es au Togo. Il poursuit l’objectif principal de mettre en lumière les principaux facteurs favorables à la sexualité précoce chez ces dernièr.es, après avoir mentionné les conséquences négatives qu’engendre une sexualité mal contrôlée à l’adolescence : les grossesses, les avortements clandestins, les complications obstétricales, les décès, les mariages d’enfants, l’abandon/arrêt des études ou des formations professionnelles, la pauvreté etc…L’enjeu est aussi méthodologique car la contribution vise aussi à problématiser la question des facteurs associés aux grossesses des adolescentes en ce sens que la sexualité précoce est peu mise en perspective. La méthodologie adoptée repose essentiellement sur une analyse documentaire et une exploitation des données quantitatives et qualitatives des enquêtes de trois projets techniquement et financièrement soutenus par le CRDI-CANADA. La réalisation de l’analyse documentaire et l’expérience partagée sur ces trois projets a permis d’identifier quelques facteurs associés à la sexualité précoce et à la fécondité des adolescentes du Togo. Il s’agit en l’occurrence des facteurs suivants : l’influence des pairs, les violences sexuelles avec ou sans viol sous envoûtement d’adolescentes, les mariages d’enfants, l’effritement des mœurs, le recours abusif aux médias.
Emergence de l’entrepreneuriat en milieu jeune comme déterminant d’une transformation socioéconomique post conflit en République Centrafricaine
Narcisse Landry Kevis Kossi, Université de Bangui, République Centrafricaine
La République Centrafricaine, est depuis 2012, secouée par une crise militaro politique sans précédent. Les facteurs indexés comme causes de ces soubresaut politiques sont légion, entre autres la pauvreté, le manque d’emploi pour les jeunes désœuvrés, caractérisés par un chômage pathologique, la mauvaise gouvernance, etc. Il s’en suit que, si les jeunes prennent les armes, pour entrer en « maquis » c’est-à-dire la rébellion, c’est parce que ces jeunes sont désœuvrés et n’ont aucune activité les occuper. L’objectif principal, de cette communication, est de mettre en exergue, cette nouvelle catégorie des jeunes qui ont pris la volonté de se détourner des « activités subversives » (rébellion) et de se chercher à travers l’entrepreneuriat (la création de leurs propres entreprises). Il s’agira, de façon spécifique, de présenter la catégorie de ses jeunes qui se lancent dans l’entreprenariat, mais aussi dégager la typologie des activités réalisées par ces jeunes. La problématique principale qui va orienter cette étude est la suivante : comment les activités entrepreneuriales telles que exercées par ces jeunes contribuent-elles à une transformation socioéconomique de la République Centrafricaine ? De cette question principale, se dégagent d’autres questions secondaires telles, quelles sont les activités entrepreneuriales les plus prisées par ces jeunes ? Comment ces jeunes s’organisent –ils ? Quelles sont les retombées socioéconomiques de ces activités entrepreneuriales ? Ces activités entrepreneuriales contribuent-elles à améliorer les conditions de vie de ces jeunes ? La méthodologie de l’étude s’appuie sur la méthode systémique, elle-même fondée sur l’individualisme méthodologique. Les outils de collecte de données sont entre autres, les questionnaires, les entretiens individuels et le focus group avec quelques jeunes entrepreneurs à Bangui la capitale et Paoua au nord de la République Centrafricaine. L’étude montre qu’en dépit de leurs situations de vulnérabilité, dans un contexte de guerre, les jeunes s’adaptent à travers l’entrepreneuriat. De nombreux jeunes démobilisés ou ayant laissé les armes s’organisent dans l’entrepreneuriat. Parmi ces jeunes figurent aussi les jeunes filles. Sur une proportion de 30 jeunes interrogés, 50 % exercent dans le petit commerce et l’artisanat, 10% sont dans l’élevage des petits ruminants (porc, cabri, etc.), 10 % exercent dans la restauration (vente de poissons congelés). Ces jeunes bénéficient des formations dans le domaine de l’entrepreneuriat leur permettant de passer des « Tontines » à ce qu’il est convenu d’appeler les AVEC, Association Villageoise, d’Epargne et de Crédits. C’est une forme d’économie solidaire (microfinance) à travers laquelle, les jeunes économisent leurs revenus et redistribuent sous forme de crédit allant de 1, 60 à plus de 1500 Euro. Progressivement, de nombreux jeunes pensent qu’il est inutile, de s’enrôler dans la rébellion. Désormais, ils peuvent gagner leur vie en s’auto emploi.
« Un jour, vous quitterez le domicile familial pour aller vous marier. » : Education différentielle des filles et des garçons et persistance de la grossesse de jeunes filles en milieu scolaire au Togo
Ayawavi Sitsopé Toudeka, Université de Lomé, Togo
Le milieu scolaire togolais présente d’importantes disparités de genre en termes d’accès, d’achèvement que de transition primaire/secondaire 1 et secondaire 1/secondaire 2. Utilisant les données recueillies à travers 20 focus-groups et 30 entretiens individuels semi-directifs de l’enquête « Prévenir les violences sexistes et les violations des droits sexuels et reproductifs des adolescentes pour réduire les grossesses précoces au Togo » soutenue par le CRDI et réalisée en 2019 par l’Unité de Recherche Démographique dans 4 localités rurales de la région des plateaux, la présente étude révèle que dans ce contexte patrilinéaire, les parents utilisent des langages décourageantes à l’endroit des filles, les impliquent plus que les garçons aux travaux domestiques et refusent souvent d’investir dans leur éducation scolaire. Ces pratiques entretiennent un faible pouvoir décisionnel des filles et alimentent les violences sexuelles en lien avec la suprématie masculine à l’endroit des filles en milieu scolaire.