Migrations et crises
Au cours d’une première table-ronde sur le thème Migrations et crises, trois doctorant·e·s ont présenté leur communication. Celle d’Axel Peugue Simo, doctorant de l’université d’Ottawa, était intitulée Les zones de convergence du nexus humanitaire-développement-paix sont-elles des sites d’expérimentation des transformations de la gouvernance humanitaire au Cameroun ?. Ousmane Barry, doctorant de l’université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou, a également présenté sa communication, intitulée Migration, contexte sécuritaire et planification familiale au Burkina Faso.
Nous vous proposons la lecture de la communication proposée par la troisième doctorante de cette table-ronde, Ornelle Rosine Tiomo, étudiante en géographie à l’Université de Yaoundé 2 au Cameroun, intitulée Analyse des caractéristiques socio-spatiales et démographiques des réfugiés centrafricains et intégration locale : cas des arrondissements de Garoua-Boulai et Ketté.
Ornelle Tiomo est née à Fokamezo qtier zemlefok (Ouest-Cameroun) en avril 1998. Après le baccalauréat en 2015 elle débute ses études universitaires au campus de l’université de Yaoundé 1 en faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, au département de Géographie. Après avoir obtenu une licence en géographie physique en 2018, elle poursuit l’année suivante en master. Après sa soutenance de mémoire de Master II en 2021 en Marginalité, Stratégies de développement et mondialisation option Géopolitique, sur le thème : « Le devenir des réfugiés centrafricains du camp de Gado-Badzéré » avec une mention bien, elle débute en 2022 le cycle doctoral au sein du même établissement. Le thème de sa recherche de doctorat s’intitule : « Impact socioéconomique et environnemental de la présence des réfugiés centrafricains dans la région de l’Est – Cameroun : cas de Garoua-Boulai et Ketté ». Travaillant sur les migrations forcées avec le cas des réfugiés, ses travaux sont orientés les questions de recherche de solutions durables, de stratégies d’autonomisation des réfugiés, d’analyse de la mobilité des réfugiés ou encore d’évaluation d’impact de la présence des réfugiés.
Parallèlement, Ornelle Tiomo est infirmière diplômée d’Etat, dévouée dans l’aide qu’elle peut apporter à ses semblables à travers l’écoute, la sollicitude et les soins. Elle est également co-fondatrice et présidente de l’association à but non lucratif : « Hope Innovation Hub », qui œuvre au soutien et l’accompagnement des réfugiés depuis 2023.
Résumé de sa communication : Depuis 2013, la République Centrafricaine (RCA) est en proie à une crise politico-militaire qui a engendré une crise humanitaire majeure. Des milliers de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer pour se réfugier dans les pays voisins, dont le Cameroun. L’Est du Cameroun abrite près de 198 559 réfugiés centrafricains, dont une grande partie se trouve dans les arrondissements de Garoua-Boulai et de Ketté (HCR, 2024). Cette étude se propose d’analyser les caractéristiques socio-spatiales et démographiques des réfugiés centrafricains dans les arrondissements de Garoua-Boulai et de Ketté. L’objectif est de mieux comprendre les enjeux et les perspectives d’une meilleure intégration. Pour y parvenir, la démarche hypothético-déductive a été adoptée et s’est adossée sur la collecte des données de sources primaires et secondaires. Des entretiens ont été menés auprès des personnes ressources. De même, des enquêtes ont été réalisées auprès de 597 réfugiés. Il en ressort que malgré le recasement des réfugiés au sein des sites de Gado-Badzéré et Timangolo, nombreux, parmi eux, poursuivent leur processus de migration vers les villages voisins à la recherche de meilleures conditions de vie. Cependant, leur processus de réinstallation est motivé par plusieurs enjeux socio-spatiaux parmi lesquelles : la disponibilité de l’espace, les similitudes socio-culturelles, etc. En outre, ces réfugiés pour la plupart jeunes, constitués en majorité des hommes parfois sans niveau d’instruction et qui pour la plupart sont mariés avec en moyenne 6 enfants à charge, font face à de nombreux défis pour assurer leur survie. La mobilité sociale de ces derniers dès leur installation présente une dynamique descendante du fait des traumatismes et de la mauvaise adaptation sociale incitant plusieurs à opter pour des retours volontaires librement consentis. Cependant, au vue l’amenuisement des aides humanitaires, ces derniers sont désormais appelés à faire davantage d’effort pour mener de petites activités afin de pouvoir se prendre en charge et garantir leur propre autonomisation. Ainsi, l’intégration locale passe de ce fait, par l’autonomisation des réfugiés et la suppression de la dépendance totale aux aides humanitaires.