2020 | Lauréats du Prix du Master

, par Admin

Nous avons le plaisir d’annoncer que le Conseil scientifique de la Chaire UNESCO Défis partagés du développement : savoir, comprendre, agir a attribué six Prix du Master dans le cadre de sa quatrième édition.

Grâce à un financement du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et de l’Agence française de développement (AFD), six étudiants de Master ont pu être récompensés pour leur travail de recherche et se sont vus attribuer six prix d’une valeur respective de 650 euros afin de récompenser et encourager la rédaction d’articles issus de leurs mémoires.

Les lauréat·e·s sont :

 

Victor Anduze, IEDES Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
victor.anduze.r chez gmail.com
+ 33 6 72 13 23 95
Mémoire : "La fête, ses acteurs et leurs mécanismes. Analyse des reconfigurations sociales et spatiales provoquées par une festivité populaire à Mérida, Mexique" ;

Le sujet choisi pour élaborer ce travail a été le déroulement d’une fête populaire à l’origine improbable, dont l’évolution a marqué le territoire qui l’accueille de manière permanente. Dans ce mémoire, j’ai parlé de, El Homaneje por la Muerte de Pedro Infante, (l’Hommage pour la Mort de Pedro Infante), dorénavant appelé, « la fête ». Cette fête est apparue le 15 avril 1957, lorsque l’avion piloté par Pedro Infante Cruz, le chanteur et acteur le plus célèbre du Mexique au XXème siècle, s’est écrasé contre les rues d’un quartier populaire du sud de la ville de Mérida, capitale de l’État du Yucatán, situé dans la péninsule homonyme au sud-est du Mexique. Une commémoration pour lui rendre hommage a surgi le jour même. Aujourd’hui cette fête dure toute la journée du 15 avril.

L’importance de regarder une fête locale comme facteur de reconfiguration des espaces urbains, réside dans la multiplicité de processus sociaux et spatiaux qui se cristallisent dans la morphologie de la ville à travers son organisation et réalisation. Ce travail permet de comprendre que la fête, analysée à travers les changements qu’elle produit sur l’espace, est une porte d’entrée, peu explorée, aux quartiers populaires des pays du sud. Une porte que, je l’espère, peut nous donner accès à une compréhension plus profonde de ce type de quartiers, habités par les classes moyennes-basses, souvent laissées du côté par les sciences sociales dû a leur condition de : trop pauvres pour être riches (donc influentes ou dominantes) et trop riches pour être pauvres (objets donc de la condescendance intellectuelle ou « humanitaire », exclues en quelque sort des programmes des organismes de développement internationaux et des ONG).
 

Anouk Arrondeau, IEDES Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
anouk.arrondeau chez orange.fr
+ 33 6 65 45 85 89
Mémoire : "Espace protestataire et dynamiques du conflit au Maroc : l’exemple du "Mouvement sur la voie 96"

Au mois d’août 2011, au Sud-Est du Maroc, la compagnie minière qui exploite un gisement d’argent à deux kilomètres du village d’Imider refuse d’embaucher les jeunes villageoi.se.s pour un emploi saisonnier, malgré un accord passé à ce sujet entre la commune et la mine en 2004. Les étudiant.e.s, rejoint.e.s par les femmes et les jeunes chômeur.se.s, manifestent : iels ne réclament pas seulement le droit au travail, iels dénoncent également le manque d’eau dans le village qui serait provoqué par l’exploitation de la mine, la pollution des sols, et mettent en cause le sous-développement de la région. Malgré la situation autoritaire persistante dans le pays, le mouvement était reconduit périodiquement depuis plusieurs décennies et se pérennise cette fois sous le nom de « Mouvement sur la voie 96 » et sous la forme d’un sit-in qui prend place sur une montagne pendant 8 ans.
Cette situation interroge plusieurs problématiques contemporaines : le droit au travail, à la juste répartition des richesses, à la justice environnementale, et les stratégies contestataires possibles en situation autoritaire. Symptomatiques des enjeux que connaissent les pays en voie de développement, les injustices perçues sont exacerbées dans une commune rurale où la population vit principalement de l’agriculture vivrière et où les infrastructures publiques sont peu développées. L’objectif de cette recherche est de comprendre comment ce mouvement social s’articule à des problématiques et des logiques de conflits nationales, alors qu’il prend place dans une région rurale et marginalisée.
Malgré la brièveté du terrain interrompu par la pandémie mondiale, l’analyse des interactions conflictuelles au moyen d’entretiens de type semi-directif enregistrés avec des membres du mouvement, des personnes qui le soutiennent et un ancien médiateur du conflit permet de dégager plusieurs observations intéressantes. La chronologie du conflit suit l’itinéraire national, les manifestant.e.s s’approprient des pratiques protestataires du répertoire national et adoptent une « autolimtation » stratégique pour éviter la répression. Une attention accrue aux interactions, aux discours des militant.e.s et leur évolution, permet de remarquer une sensibilisation aux problématiques environnementales, l’acquisition de compétences et une division du travail qui reproduit certaines logiques de domination sociale. Néanmoins, il semble plus juste de considérer ce mouvement comme un mouvement des « marges » aux dynamiques et type de politisation spécifiques,
où la mise en valeur de son identité propre est préférée au soutien des partis et organisations politiques traditionnelles.
Ces observations préliminaires gagneront à être approfondies par une recherche plus longue et plus détaillée sur le mouvement pour analyser les problématiques de développement propres aux espaces marginalisés au Maroc, dans un contexte où la justice environnementale et la justice sociale prennent une place importante dans les préoccupations internationales et populaires, et ce encore plus depuis le début de la crise sanitaire.
 

Salaraga Bantakpa, ISSP/ Université Joseph KI-ZERBO, Ouagadougou
reneba007 chez yahoo.fr
+228 90 19 35 28 / 99 59 45 66
Mémoire : "Analyse de la satisfaction de la prestation de la césarienne : une étude de cas des femmes de la région de la Kara (Togo)"

La qualité des services de santé est un impératif pour l’atteinte de l’Objectif du développement durable (ODD) 3.8 d’ici 2030, qu’est la couverture santé universelle. Cependant, il ressort de la littérature que l’évaluation de la qualité des soins s’est souvent focalisée sur les aspects objectifs (techniques) omettant les aspects subjectifs dont la satisfaction des patients. L’objectif de la présente étude est de contribuer à une meilleure connaissance de la satisfaction des femmes concernant la prestation de la césarienne dans les structures SONU de la région de la Kara dans le contexte de la subvention de la césarienne. Il s’agit d’une étude exploratoire et qualitative portant sur les critères subjectifs de l’accueil, des relations d’interaction entre les prestataires de soins et les femmes césarisées, ainsi que de l’implication de ces dernières dans le processus décisionnel de la césarienne sur leur satisfaction.
L’analyse des entretiens a révélé des insuffisances. Ces insuffisances vont : de la disponibilité des prestataires, des normes de bienséance, de l’information des femmes sur la césarienne et de l’implication des femmes césarisées au processus décisionnel de la césarienne qui n’ont pas été effectives ayant pour conséquence l’insatisfaction des celles-ci.

Des efforts restent à faire quant à l’observance des critères de l’accueil, des relations d’interaction entre les prestataires de soins et les femmes césarisées ainsi que l’implication des femmes césarisées dans le processus décisionnel de la césarienne afin d’améliorer la satisfaction des femmes concernant la prestation de la césarienne. Ceci contribuera à l’utilisation optimale des services de santé par les femmes et par ricochet d’atteindre la couverture sanitaire universelle.
 

Julia Chretien, IEDES Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
julia150521 chez gmail.com
Mémoire : "Travail du care, vulnérabilité, responsabilité et pouvoir : enquête auprès de travailleur·se·s du care dans une institution pour personnes âgées de la ville de Buenos Aires en contexte de crise sanitaire internationale" ;
 
Mon mémoire porte sur le travail du care, et s’appuie sur une enquête qualitative (observations et entretiens) réalisée dans une résidence pour personnes âgées à Buenos Aires, en Argentine. En interrogeant le rapport au travail, les pratiques et situations de travail d’un groupe d’asistentes gerontológicos/as, j’ai abordé les mécanismes qui concourent à la dévalorisation de ce "sale boulot", la division genrée du travail qui sous-tend et reproduit la naturalisation du care, mais aussi les stratégies de détournement et contournement des contraintes mises en place par les travailleur.se.s au sein d’une forme "d’institution totale". Mais étudier le travail de care auprès de personnes âgées à partir du point de vue de ses travailleur.se.s les plus invisibles m’a aussi permis de comprendre la complexité de la relation de care, tous les "savoirs faire discrets" déployés, les formes de réciprocité qui existent entre les résident.e.s et les asistentes. L’humour, la sexualité taboue de la vieillesse, l’attachement, le travail émotionnel ou encore le dégoût sont autant d’éléments qui imprègnent la relation de care et en constituent sa richesse. Finalement, mon travail d’enquête a été interrompu par le confinement, mais analyser ces conditions d’enquête particulières m’a permis d’inscrire la réflexion dans un contexte beaucoup plus large de crise de la reproduction sociale, de dévalorisation du care et du travail reproductif fortement féminisé et racialisé. Réfléchir au care, en tant que travail mais aussi en tant qu’éthique et positionnement épistémologique ouvre finalement des portes pour imaginer une société où, puisque la vulnérabilité est affaire de tous.tes, la responsabilité du care, du soin, de l’attention ou de l’écoute le serait également. Accorder de l’importance au care, aux personnes qui en portent la charge et à leurs conditions matérielles d’existence participe à la politisation de ce travail encore invisible, et à une résistance contre l’exploitation capitaliste, patriarcale, raciste et coloniale
 

Aboudou Yaovi, FSHS de l’Université de Lomé
aboudouyaovi chez yahoo.com
Mémoire : "Difficultés d’accès au bois-énergie dans le contexte des changements climatiques et de la pression démographique dans la préfecture de Yoto au Togo »

Les changements climatiques résultent de la variabilité des paramètres climatiques, notamment la température et les précipitations. Ces dernières sont induites par des mouvements naturels et des actions anthropiques au travers de l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. L’étude réalisée est une contribution à l’analyse du secteur du bois-énergie et les impacts de sa consommation sur la couverture végétale et le climat. La méthodologie adoptée combine divers outils de collecte de données tels que la documentation, l’observation, l’analyse d’images satellites, la cartographie et les SIG, les outils statistiques, les entretiens et l’administration de questionnaire à 139 ménages. Pour l’étude de la variabilité climatique, des séries chronologiques à divers pas de temps de 1970 à 2019 de la station synoptique de Tabligbo ont été analysées. L’étude révèle que dans la préfecture de Yoto au Sud du Togo, les changements climatiques s’illustrent par l’accroissement rapide des températures moyennes de 1 °C entre 1970 et 2019 et des fluctuations de précipitations sur la même période entre 674 mm en 1977 et 1428 mm en 2019. Par ailleurs, les populations ont recours massivement au bois-énergie (91,37 % pour le bois et 6,47 % pour le charbon de bois). Il en résulte de l’utilisation de ces combustibles, une forte pression sur les ressources ligneuses et une accentuation des effets des changements climatiques.
 

Yendoubouan Nanguepague, FSHS de l’Université de Lomé
land.bouam chez gmail.com
Mémoire :"Genre et inégalités d’accès aux ressources énergétiques dans les ménages ruraux de la préfecture de Tône (Région des Savanes au Togo)"

Les difficultés liées à l’accès aux ressources énergétiques constituent un obstacle majeur pour la satisfaction des besoins vitaux des populations subsahariennes et particulièrement celles rurales de la préfecture de Tône au Togo. L’objectif de cette étude est d’analyser les inégalités de genre en matière d’accès aux ressources énergétiques au sein des ménages ruraux de cette préfecture. La démarche méthodologique adoptée combine les approches quantitative et qualitative. Les données primaires sont collectées à travers l’observation directe, les entretiens semi-directifs et l’administration du questionnaire, tandis que la collecte des données secondaires a été réalisée grâce à l’analyse documentaire. Les outils de la statistique descriptive et économique ont été mis à contribution pour le traitement des données recueillies. Les résultats de l’étude montrent que l’accès aux ressources énergétiques dans la préfecture de Tône est fortement influencé par des facteurs naturels, humains et sociaux. Les différentes sources d’énergie utilisées dans les ménages ruraux sont essentiellement traditionnelles pour la cuisson et hors réseau pour l’éclairage. Les variables comme le genre, le revenu, le coût du combustible, le niveau d’instruction et la distance sont des facteurs explicatifs du choix des sources d’énergie surtout de cuisson alors que pour l’éclairage les variables genre, revenu et la distance sont très significatives. De plus, la forte dépendance vis-à-vis de la biomasse et les carences en énergie moderne ont des répercussions sur la sécurité, la santé, l’éducation, la durée des travaux domestiques, l’autonomisation de la jeune fille et de la femme et l’environnement.
 


Revoir l’appel aux candidatures 2020


 

Le jury scientifique 2020 :

  • M-E. Desrosiers, K. Liman-Tinguiri et S. Baranyi pour l’Ecole de développement international et mondialisation (EDIM) et l’Ecole supérieure d’affaires publiques internationales (ESAPI) – Université d’Ottawa
  • H. Kouadio, R. Fassassi pour l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA) d’Abidjan
  • S. Soukouna et A. Sogodogo pour la faculté des sciences administratives et politiques (FSAP) - Université des sciences juridiques et politiques de Bamako
  • P. Pari et P. Kazimna pour la faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) et la Faculté des Sciences de l’Homme et de la société (FSHS) de l’Université de Lomé
  • A. Le Naëlou, S. Capitant, G. Gillot et P. Janin pour l’IEDES - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • M. Wayack-Pambè, C. V. Rouamba et M. Compaore pour l’Institut Supérieur des Sciences de la Population – Université Ouaga 1 Pr Joseph Ki-Zerbo
  • M. Diop pour l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry