Nous avons le plaisir d’annoncer que le Conseil scientifique de la Chaire UNESCO Défis partagés du développement : savoir, comprendre, agir a attribué le Prix du Master dans le cadre de sa troisième édition.
Grâce à un financement du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et de l’Agence française de développement (AFD), cinq étudiants de Master ont pu être récompensés pour leur travail de recherche et se sont vus attribuer cinq prix d’une valeur respective de 650 euros afin de récompenser et encourager la rédaction d’articles issus de leurs mémoires.
Les lauréat(e)s sont :
• Sulpice Paterne AMONLE de l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA) d’Abidjan, pour son mémoire intitulé « Prise en compte des effets de calendrier dans l’analyse conjoncturelle dans les pays de l’UEMOA : cas du Bénin »
Objectif du Développement Durable cadre du mémoire :
ODD 8 - Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous.
Adresse mail : sulpiceamonle chez gmail.com
Numéro de téléphone : +1 (443) 7078758
Résumé du mémoire : Les fêtes religieuses dont Pâques et Ramadan, ou encore le nombre de jours de travail durant une année civile sont tant de facteurs liés à la composition du calendrier de chaque pays qui ne sont pas forcément pris en compte lorsqu’on cherche à mesurer l’activité économique au sein dans un pays ou à faire des comparaisons internationales sur une même base de jours ouvrés. Toutefois, une analyse conjoncturelle efficace nécessite de débarrasser les indicateurs économiques de toute fluctuation susceptible d’affecter l’interprétation des changements socioéconomiques.
L’objectif de la présente recherche est alors de proposer un moyen d’estimer l’impact des effets de calendrier et de les supprimer. A travers un modèle de régression qui tient compte des différents aspects du calendrier national au Bénin, l’étude a montré que sur des données allant de 2010 à 2017, les fêtes musulmanes (Korité et Tabaski) ont impacté positivement le chiffre d’affaires des entreprises béninoises. De même, sur la période de Janvier 2004 à Mai 2018, la circulation fiduciaire subissait une baisse les lundis et les mercredis, et une hausse les mardis de chaque semaine. L’étude a également montré que les effets de calendrier pouvaient être imperceptibles sur des indicateurs agrégés, et la nécessité de construire des régresseurs par secteur d’activité. La stabilité des estimations semble se dégrader pour des séries longues. Cependant, tenir compte des régresseurs spécifiques au contexte national permet d’obtenir des indicateurs économiques débarrassés des effets saisonniers et des effets de calendrier.
La portée de l’étude est majeure, surtout pour les pays de l’UEMOA où la correction des effets de calendrier suscite l’intérêt des services de conjoncture pour l’élaboration de meilleures prévisions et pour la production de bonnes statistiques.
• Komi Ameko AZIANU de l’Université Ouaga 1 Pr Joseph Ki-Zerbo, pour son mémoire intitulé « La gestion des déchets de soins médicaux : cas du district sanitaire n°5 de Lomé Commune, Togo »
Objectif du Développement Durable cadre du mémoire :
ODD 13 - Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions.
Adresse mail : azianukomi chez gmail.com
Numéro de téléphone : (226) 77 91 77 76
Résumé du mémoire : La gestion des déchets de soins médicaux est un pan important dans la quête de la qualité de la santé. Son importance est cruciale d’autant plus que, au quotidien, se mènent les activités de soins de santé produisant une quantité de plus en plus importante de déchets de soins médicaux. La gestion des déchets de soins médicaux nécessite également une attention particulière, du fait de leur niveau de toxicité élevé. Elle invite par conséquent différents acteurs que sont les prestataires de soins, les patients ou plus globalement la population et la communauté entière. L’objectif poursuivi, dans cette étude, est de contribuer à une meilleure compréhension et mise en œuvre, de la gestion des déchets de soins médicaux à travers le cas du district sanitaire n°5 de Lomé Commune au Togo. La démarche s’est voulue qualitative, fondée sur l’entretien et l’observation auprès de différentes institutions de santé ainsi que différents acteurs du maillon de la production et de la gestion des déchets de soins médicaux. Ainsi, un examen a été fait depuis l’évaluation de la gouvernance de la gestion des déchets jusqu’au recueil de leur appréciation qui en résulte.
Les résultats de cette recherche montrent que la typologie des déchets est diversifiée et exige un certain nombre de ressources pour leur gestion. Malgré les efforts fournis par les responsables des formations sanitaires, on note l’absence des textes réglementaires dans la plupart des formations sanitaires et surtout l’inexistence des services en charge de l’hygiène hospitalière dans les formations sanitaires privées ; ceci est révélateur d’une insuffisance du dispositif organisationnel des formations sanitaires. Il s’observe également une insuffisance de ressources matérielles, humaines et financières. Par ricochet, les étapes du processus de gestion des déchets de soins médicaux ne sont pas souvent respectées, au regard des recommandations de l’OMS, dans nombre de formations sanitaires.
• Marion Fichet de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, pour son mémoire intitulé « Des cosmovisions indigènes du Chiapas et de l’agroécologie comme sources d’autonomisation »
Objectifs du Développement Durable cadres du mémoire :
ODD 2 - Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable,
ODD 15 - Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité.
Adresse mail : marion.fichet chez protonmail.com
Résumé du mémoire : Dans le Chiapas, Etat du Sud du Mexique, l’expression "Madre Tierra" (Terre Mère) est utilisée quotidiennement dans les communautés indigènes les plus traditionnelles. Leur perception du monde, également appelée cosmovision, se caractérise par un fort sentiment d’appartenance à leur environnement. C’est une relation holistique, non fragmentée, à la nature et que l’on qualifie d’animiste, qu’ils entretiennent avec tous les êtres vivants qu’ils considèrent dotés de conscience. Ainsi, leur spiritualité consiste en un système de croyances complexe, avec des mécanismes de négociation pour la gestion et l’utilisation des ressources naturelles. Elle se manifeste par des cérémonies d’hommage et de pardon à la Terre Mère. Ce rapport particulier au vivant et ces traditions ancestrales ont été progressivement abandonnés par les communautés au contact d’un monde chaque jour plus globalisé. L’objectif de ce mémoire a été de comprendre comment la récupération de ces cosmovisions indigènes et l’agroécologie sont des outils d’autonomisation des communautés rurales. L’observation participante dans une ONG locale impulsant des ateliers d’agroécologie et des rassemblements de paysan.ne.s, défenseur.se.s de semences a permis de nourrir le propos.
Dans un premier temps, il a été question de comprendre comment s’est opérée la perte des cosmovisions indigènes au Chiapas. La première étape est liée à la colonisation : à partir de 1528, l’évangélisation a diabolisé les rituels et a provoqué une forte acculturation des communautés. C’est ensuite la répartition agraire qui a modifié le rapport à la terre : traditionnellement considérée comme un bien commun, elle s’est transformée en propriété privée à exploiter. Enfin, l’arrivée de l’agriculture technologique et chimique, permettant la maximisation des rendements, a marqué profondément la paysannerie indigène. Cette transformation, appelée « Révolution Verte », a été largement impulsée par le gouvernement mexicain, notamment avec la promotion voire la distribution gratuite de produits phytosanitaires aux paysan.ne.s. C’est dans les années 1960 que la résistance et la récupération des savoirs ancestraux s’est organisée, à l’initiative de Samuel Ruiz, évêque local qui prônait la théologie de la libération. Influencée par le marxisme, cette théologie souhaitait rendre les pauvres, autrefois érigés en objets de charité, acteurs de leur propre libération. C’est ainsi que près de 700 catéchistes et diacres indigènes ont été formés pour permettre une conscientisation politique et sociale des communautés. A lieu un véritable « réveil indigène » qui a donné naissance à des mouvements sociaux contre la dépossession et la concentration des terres, parmi lesquels le plus emblématique est l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale). A la fin des années 1990, la théologie indigène voit le jour : elle réhabilite la cosmovision et la spiritualité de la Terre Mère.
En parallèle de ces mouvements locaux, l’agroécologie a pris de l’importance et a ouvert la recherche de voies alternatives à l’heure d’une agriculture globalisée excluante des petit.e.s paysan.ne.s. Avec son approche transdisciplinaire, à la croisée entre l’agronomie et le savoir-faire paysan, elle prône les systèmes alimentaires viables, respectueux des humains et de leur environnement. De fait, elle rejoint la perspective holistique des cosmovisions indigènes où le Lekil Kuxlejal, principe de vie en équilibre avec le vivant, est central. C’est à partir des années 2010 que l’agroécologie devient une approche explorée par de nombreuses communautés en résistance, notamment zapatistes. Les enjeux de souveraineté alimentaire sont alors primordiaux pour assurer leur autonomie. En effet, l’agroécologie est particulièrement en adéquation avec le mode de vie et les habitudes des communautés indigènes : elle favorise la polyculture et l’association de différentes plantations (le système milpa – la culture associée du maïs, du haricot noir, de la courge et du piment – est la base du travail des paysans du Chiapas), parie sur la diversification et la maximisation de la production sur des espaces réduits (les communautés indigènes du Chiapas connaissent un manque de terres arables) et encourage la multifonctionnalité de l’agriculture familiale (qui a une utilité économique mais également sociale et culturelle). Par sa démarche multidimensionnelle et sa posture anticapitaliste, l’agroécologie est une approche politique forte. Les enjeux liés aux cosmovisions et à la spiritualité indigène rencontrent ceux liés à l’agroécologie qui permet, de facto, une revalorisation et une réappropriation culturelle du principe du « prendre soin de la Terre Mère ».
• Paterne Anicet KOUA de l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA) d’Abidjan, pour son mémoire intitulé « Élément de contribution des variables budgétaires à la croissance économique et la soutenabilité de la dette publique de la Côte d’Ivoire : une approche DSGE. »
• Roberta VALENTI de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, pour son mémoire intitulé « Le futur du passé nubien : La transmission des mémoires entre générations et les activités socio-économiques des Nubiens d’Égypte soixante ans après le déplacement (Assouan). »
Objectifs du Développement Durable cadres du mémoire :
ODD 4 - Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie. (cible 4.7)
Adresse mail : robbie_valenti chez yahoo.it / roberta.valenti1 chez etu.univ-paris1.fr
Numéro de téléphone : +33 06 13 23 54 45
Résumé du mémoire : L’objectif de l’étude était d’enquêter les activités socio-économiques des nubiens soixante ans après le déplacement causé par la construction du barrage d’Assouan, en Égypte. Les activités sont étudiés à travers l’analyse des transmissions intergénérationnelles, des premières générations qui ont vécu l’événement, envers les plus jeunes générations qui sont nées et grandies au Caire. C’est à dire comprendre quels activités et mémoires les nubiens plus âgées souhaitent transmettre (ou non) à leurs descendants, et pour quelles raisons.
Le document est divisé en trois parties : la première consiste en un aperçu de contexte historique et théorique sur les nubiens, le déplacements et d’autres cas d’études similaires dans le monde. Ensuite, le deuxième chapitre concentre l’explication méthodologique de l’enquête : il s’agit d’une analyse qualitative issue d’entretiens semi-directifs divisés par groupes d’âge, personnes âgées d’une coté et jeunes de l’autre. Le troisième chapitre concentre l’analyse des entretiens et la formulation de la théorie du trauma de la première génération. En fait, l’enquête a révélée que la majorité des personnes plus âgées ne transmet pas aux descendants l’histoire nubienne, le patrimoine culturel ni l’événement du déplacement. Il s’agit d’un événement traumatique qui ne peuvent pas raconter. D’autre part, l’analyse montre également la réponse des jeunes, qui au contraire souhaitent connaitre plus de leurs origines. En conclusion, le trauma du déplacement a eu des conséquences sur la durabilité culturelle de la population nubienne, mais l’engagement des jeunes donne espoir de sauvegarde de cette culture.
La thématique de la durabilité culturelle est considérée de première importance pour l’UNESCO, que il y a soixante ans a proposée, en premier, de sauvegarder la culture nubienne (matérielle et immatérielle) mise en danger à cause du déplacement conséquent le grand barrage d’Assouan. D’ailleurs, au présent, la culture est à la base des objectifs du développement durable et ce travail a voulu reconsidérer, en clé moderne, le défi que l’UNESCO a du affronter au 1960. La valorisation de la diversité culturelle est explicitée dans cet étude à travers l’analyse des effets encore visibles aujourd’hui soixante ans après le Barrage. Cette culture se définissait à l’époque par des modes de vie et des techniques durables qui ont, en partie, disparu avec le déplacement, leur fondement environnemental étant emporté par l’installation hydro-électrique sur le Nil. Pourtant, deux générations plus tard, les jeunes nubiens ont encore envie et intérêt à reconstruire leur patrimoine culturel et à faire vivre les modes de vie non ou peu transmis par leurs parents. C’est donc à travers ce cas d’étude que la durabilité culturelle devient non seulement un outil académique ou un objectif à respecter, mais également et surtout l’intérêt de la population prise en compte.
Un article sera proposé à partir de l’analyse des entretiens réalisés avec les jeunes nubiens. Cet article aura pour objectif, d’un côté, de montrer le cas d’étude du déplacement nubien et de ses effets et, de l’autre, de le considérer comme un « exemple » pour l’analyse d’autres situations similaires, là où on construit de nouveaux barrages et des populations (souvent autochtones) voient leur environnement et leur adaptation culturelle et économique chamboulés. En sens large, ce cas d’étude montre le défi du développement et quelle importance nous tous devons accorder à la culture et à sa durabilité.
Le jury était constitué de membres du Conseil scientifique et du Comité de pilotage de la Chaire :
• F. Nahavandi et L. Roudart pour le Centre d’Etudes de la Coopération Internationale et du Développement (CECID) – Université libre de Bruxelles
• M-E. Desrosiers, H. McGill et S. Baranyi pour l’Ecole de développement international et mondialisation (EDIM) – Université d’Ottawa
• H. Kouadio et R. Fassassi pour l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA) d’Abidjan
• M. Diop et M. Curtis pour l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry
• A. Le Naëlou, S. Capitant, S. Soukouna et G. Gillot pour l’IEDES - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
• A. Soura, M. Wayack-Pambè, C-V. Rouamba B. et M. Compaore pour l’Institut Supérieur des Sciences de la Population – Université Ouaga 1 Pr Joseph Ki-Zerbo