Nous avons le plaisir d’annoncer que le Conseil scientifique de la Chaire UNESCO Défis partagés du développement : savoir, comprendre, agir a attribué six Prix du Master dans le cadre de sa sixième édition. Félicitations aux lauréat·e·s ainsi qu’à tous les participant.e.s !
Grâce à un financement du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et de l’Agence française de développement (AFD), six étudiant·e·s de Master ont pu être récompensés pour leur travail de recherche et se sont vus attribuer six prix d’une valeur respective de 650 euros afin de récompenser et encourager la rédaction d’articles issus de leurs mémoires.
Les lauréat·e·s 2023 sont :
- Gono Sagno, FSEG Université Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry, Guinée
Les déterminants de l’offre d’eau potable en Guinée.
sagnogono chez gmail.com
Tel : +224 628784252
Afin de mieux comprendre les causes de la crise hydrique dont souffrent les grandes villes de la Guinée malgré ses prédispositions naturelles qui lui offrent des ressources en eaux très abondantes, nous analysons à travers ce mémoire, les déterminants de l’offre d’eau potable en Guinée en utilisant les données secondaires. Après avoir testé la stationnarité des variables, nous utilisons un modèle à correction d’erreur à la Engel-Granger estimé par les moindres carrés ordinaires.
Les résultats obtenus nous montrent que la consommation d’eau potable, le tarif moyen appliqué et la population urbaine influencent significativement l’offre d’eau potable en République de Guinée à court et à long terme. Les résultats révèlent également que l’investissement n’impacte pas significativement l’offre d’eau potable. Ceci s’explique par le niveau faible des investissements qui se résument à des investissements pour l’entretien du réseau, qui n’affecte pas forcement la quantité d’eau produite mais aussi par la présence de quelques canaux de détournement des investissements (la corruption et la réorientation des fonds à d’autre fins etc.).
Ainsi pour résoudre le problème hydrique en Guinée et permettre un accès durable de la population à l’eau potable, l’accent doit être mis sur la mise en place des politiques allant dans le sens de l’accroissement de la consommation d’eau, un changement tarifaire à la hausse et la sensibilisation de la population à la gestion rationnelle des ressources d’eau. Ces mesures doivent être soutenues par un investissement conséquent dans le secteur qui est un facteur incontournable dans l’acquisition des infrastructures de production, de transport et de distribution et des équipements de maintenance.
- Motomdewa Awitala, FSHS, Université de Lomé
Variabilité climatique et stratégies d’adaptation des producteurs du maïs dans la préfecture de Sotouboua au Togo
awitalamotomdewa chez gmail.com
+228 90 70 01 74 / +228 99 11 22 50
Le Togo, à l’instar de tous les pays de l’Afrique subsaharienne est affecté par les effets de la variabilité climatique. La présente étude vise à analyser l’impact de cette calamité sur la culture du maïs dans la préfecture de Sotouboua au Togo située à 255 km de la côte. La recherche méthodologique prend en compte les recherches documentaires, les observations du paysage et Les enquêtes de terrain à travers, les entretiens, l’administration de questionnaire à 121 producteurs de maïs choisis de façon aléatoire et le traitement des données. L’etude révèle que dans la préfecture de Sotouboua, le dérèglement du climat est perçu par 95% des paysans enquêtés à travers la hausse des températures, le démarrage tardif des saisons de pluies, les pluies intenses, le raccourcissement de la saison des pluies et la sècheresse trop longue. Les conséquences se traduisent par la dégradation des sols, le bouleversement du calendrier agricole, l’attaque des cultures par des ravageurs, la baisse de la productivité et du rendement agricole, la non satisfaction des besoins alimentaires. Face à ces changements climatiques, les producteurs du maïs ont adopté diverses stratégies parmi lesquelles le décalage de la date du semis, la pratique du billonnage, l’utilisation de semences améliorées, usage de la fumure minérale, l’adoption de cultures à cycle court, et l’association des cultures. L’étude propose l’agroécologie, l’utilisation de la fumure organique, la mise en place des paiements pour services environnementaux (PSE) aux agricultures, l’amélioration des systèmes d’alerte précoce, de prévision et d’information sur le climat et l’amélioration du système de maîtrise de l’eau, comme solutions durables.
- Affo Kadoukpe Constante, Univerisité de Lomé, Togo
Impact de l’assurance maladie sur l’utilisation des services de santé maternelle et infantile au Togo.
constanteaffo1999 chez gmail.com
(+228) 90240862
Au Togo, en 2019, environ 51% des femmes enceintes n’ont pas accès aux soins prénatals. De plus, 55% des femmes et des enfants qui ont besoin de soins postnatals n’en reçoivent pas et 34% des accouchements ne sont pas assistés par un personnel de santé qualifié. L’objectif de ce papier est d’évaluer l’impact de l’assurance maladie sur l’utilisation des services de santé maternelle et infantile au Togo. La méthode d’appariement par les scores de propension et la technique des variables instrumentales ont été utilisées pour corriger les biais de sélection et d’endogénéité. Les données utilisées proviennent de la sixième enquête par grappe à indicateurs multiples (MICS 6) de 2017.
Nos résultats indiquent que l’accès à l’assurance maladie, par le biais de la réduction des coûts, impacte positivement la santé infantile, la santé des nouveau-nés et la santé maternelle (soins prénatals). Par contre, pour les accouchements assistés, l’impact est positif mais non statistiquement significatif. Par ailleurs, le niveau d’éducation de la mère et du conjoint ainsi que le niveau de richesse du ménage influencent positivement la souscription à l’assurance maladie. Dans le souci d’améliorer la prise en charge de la mère et de l’enfant, une extension des mécanismes de gratuités serait envisageable en intégrant les traitements d’infections maternel et néonatal, les troubles hypertensifs lors de la grossesse ainsi que les transports d’urgence, les frais de laboratoires prénataux et l’échographie qui reste à la charge de la femme enceinte. Enfin, il serait opportun de se tourner vers des mécanismes intelligents et incitatifs pour booster les adhésions à la couverture maladie universelle. Une des alternatives pourrait consister à développer des stratégies d’adhésion systématique.
- Francesco Mirra, IEDES – Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France
Cherán K’eri : des femmes en lutte pour la Nana Echeri entre reconfiguration et resignification du pouvoir. Quel usage de l’écoféminisme ?
francescomirra17 chez gmail.com
+33 768426284
Les femmes de la communauté autochtones mexicaine de Cherán K’eri se soulèvent en 2011 contre les narcotrafiquants qui détruisaient la forêt, les nappes phréatiques et menaçaient leurs corps avec la complaisance d’institutions poreuses. À Cherán, la spoliation des forêts a été engendrée par les différentes politiques de développement économique promues à partir de la fin du 19e siècle, accélérées par l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en 1994. Dans ces territoires, les riches écosystèmes forestiers sont remplacés par de vastes champs d’avocats destinés à l’exportation vers le nord du continent et pouvant bénéficier parfois des fonds destinés au développement durable des zones rurales. Le soulèvement de 2011 conduit à une reconfiguration du pouvoir au niveau local, grâce à l’application du dispositif constitutionnel des usos y costumbres (us et coutumes) qui permet aux communautés autochtones de se gouverner de manière autonome. Cette reconfiguration structurelle des lieux et des centres de décision semble s’accompagner d’une timide « resignification » genrée de ces derniers, qui s’exprime sous diverses formes : une représentation des femmes de plus en plus importante, la création d’un Conseil des Femmes et de la Maison des Femmes, la valorisation des femmes ayant une connaissance de la forêt, etc. Le cadre théorique choisi, à savoir l’écoféminisme, a permis de resituer le mouvement de Cherán K’eri dans un contexte plus large, celui de la constellation des luttes des femmes latino-américaines pour la défense de leur territoire et des biens communs.
- Afi Bertille Lotsi, Université de Lomé, Togo
Effet des investissements dans les infrastructures sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne
lotsiafibertille chez gmail.com
+228 98 75 40 58
La nécessité des infrastructures est reconnue par l’objectif 9 des Objectifs de Développement Durable, qui vise à bâtir une infrastructure résiliente pour promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourage l’innovation d’ici l’horizon 2030. Que les infrastructures soient économiques ou sociales, elles contribuent d’une part à la croissance économique à travers l’amélioration de la productivité, du commerce et d’autre part l’amélioration du capital humain. Cependant, alors qu’en Afrique Subsaharienne l’augmentation des investissements orientés dans les infrastructures se traduit par une amélioration du score des infrastructures, la croissance économique par habitant en ASS ne fait que décroître continuellement. Même si l’insuffisance du financement alloué aux infrastructures est évoquée comme une raison pour expliquer ce constat, la faiblesse de la qualité des institutions et de la réglementation traduite par la gabegie financière et la corruption sont des raisons nécessaires qui doivent être aussi mentionnés. L’objectif général de cette étude est d’analyser l’effet des investissements dans les infrastructures sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne. De façon plus spécifique, nous avons analysé l’effet des investissements dans les infrastructures économiques sur la croissance économique en Afrique subsaharienne d’une part et examiné l’effet des investissements dans les infrastructures éducatives sur la croissance économique en Afrique subsaharienne d’autre part. A travers une approche quantitative basée sur la méthode des moments généralisés (GMM) appliquée sur un panel de 34 pays d’Afrique subsaharienne couvrant la période 2000 à 2020, les résultats montrent que les investissements dans les infrastructures économiques, sous la contrainte d’une bonne gouvernance ont un effet positif sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne. De plus, les dépenses gouvernementales en éducation ont un effet positif sur la croissance économique dans les pays de l’Afrique Subsaharienne. Nous déduisons de ces résultats que pour une amélioration de la croissance économique, les décideurs économiques pourraient promouvoir des politiques en faveur des infrastructures économiques et sociales. Ces politiques seront d’autant plus efficaces si elles s’inscrivent dans le cadre de renforcement des capacités et de la mise à disposition des outils adéquats aux institutions chargées de lutter contre la corruption ciblée dans le secteur des infrastructures.
- Abel Eve, Université de Lomé, Togo
Gestion durable des écosystèmes naturels et rôles des communautés rurales dans la préservation des ressources forestières dans la Préfecture de Kloto au Togo
abeleve98 chez gmail.com
+228 91 99 64 93
Le problème de gestion durable des écosystèmes naturels et des ressources forestières est l’une des préoccupations des pays du monde. L’objectif 15 des Objectifs Durable de Développement (ODD) vise à préserver et à restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable. La présente étude est une contribution à l’identification de l’état des écosystèmes forestiers et du rôle des communautés rurales dans la préservation des ressources forestières dans la Préfecture de Kloto. Pour ce faire, une enquête de terrain a été effectuée dans 16 villages auprès d’un échantillon de 205 individus. Un questionnaire élaboré est adressé à la population cible, aux ONG intervenant dans la gestion durable et un guide d’entretien pour les chefs traditionnels. Ces données de terrain sont complétées par la documentation, la cartographie (SIG) et les données mensuelles pluviométriques de la série 1991-2021 de la station météorologique de Kouma-Konda. Les résultats obtenus attestent une régression des espaces forestiers et plusieurs facteurs (pression démographique, surexploitation, changement climatique, extension des cultures itinérantes sur brûlis, etc) expliquent cette diminution. En 1991 par exemple, les terres forestières occupaient une surface de 32681,88 hectares (61,9%) alors qu’elle a connu une réduction qui avoisinait en 2021 une surface de 18153,49 hectares (38,4%) d’après l’analyse des images Landsat 8. L’étude fait appel au renforcement des actions et projets de la Réduction des Emissions dues à la Déforestation et Dégradation forestière (REDD+). Elle propose la contribution des acteurs comme l’Etat, les institutions, les organismes (publics et privés) et les communautés rurales à l’adoption de nouvelles stratégies et méthodes pour une meilleure gestion et préservation des ressources forestières.